D’abord, remettons les pendules à l’heure. C’est quoi un label indépendant, concrètement ? Contrairement aux majors comme Universal, Sony ou Warner, les labels régionaux (souvent associés à l'indépendance) sont de petites structures qui naissent de la passion pour la musique, et non d'un impératif financier. Ces labels mettent leurs ressources au service d'artistes souvent ignorés par les grands réseaux. Pour un musicien ou un groupe, signer sur un label local, c’est non seulement l’assurance d’un accompagnement humain, mais aussi celle de pouvoir produire et diffuser ses créations sans se vendre à tout prix.
En fournissant un véritable cadre professionnel (studio d'enregistrement, mastering, promotion, contacts pour les tournées, etc.), les labels régionaux permettent aux talents de transformer leurs rêves en réalité et de poser une première pierre à leur carrière. Mieux encore, ils contribuent aussi à dynamiser la culture locale. Bref, sans eux, beaucoup de jeunes artistes resteraient coincés dans leur garage avec des maquettes sous le bras.
Comment ne pas commencer par ce qui se passe chez nous ? Another Record existe depuis le début des années 2000 et s'est forgé un nom dans le paysage des labels indépendants français. À la croisée des chemins entre pop-folk et rock indé, il a permis à des artistes comme Angil & the Hiddentracks ou encore Half Asleep de développer leur notoriété doucement mais sûrement.
Le fonctionnement ? DIY jusqu’au bout des ongles. Another Record jongle avec un modèle économique malin, misant sur des formats atypiques (vinyles, éditions limitées) pour maintenir ses productions à flot tout en soutenant ses artistes sur les réseaux et dans les festivals locaux.
Pas besoin d'être une méga-structure pour avoir une vision bien trempée. Murailles Music, c’est un collectif et label basé entre la Bourgogne et Lyon qui conjugue engagement artistique et éthique DIY. Leur objectif : promouvoir des projets où performance scénique et innovation sonore sont clés. Au catalogue ? Des artistes singuliers comme Mai Mai Mai ou encore Mohamed Lamouri, qui oscillent entre musiques atmosphériques et expérimentales.
Ce label est également très actif au sein des festivals de la région, jouant un rôle de “curateur musical”. En clair, ils ne se contentent pas de produire, mais façonnent toute une identité culturelle à destination du public curieux de sons nouveaux.
Le rock, c'est leur domaine. At(h)ome s’est spécialisée dans la production et la distribution d’artistes rock et folk. Si Dijon leur sert de camp de base, ce label, assez connu sur la scène indépendante française, navigue sans problème dans tout l'hexagone. Ils comptent parmi leurs rangs des artistes comme Tagada Jones (punk rock) ou encore Epsylon, montrant une ouverture vers des genres porteurs pour le public.
Bien sûr, At(h)ome ne s’arrête pas là : ils aident leurs groupes à diffuser leurs albums sur les plateformes de streaming tout en valorisant les ventes physiques pour les passionnés de galettes (comprenez "vinyles").
Pour comprendre l'impact de ces petites structures, intéressons-nous à leur champ d'action.
Autant le dire : gérer un label local, ce n’est pas un job pépère. Contrairement aux majors, ces petites structures fonctionnent souvent avec des moyens dérisoires. Face au raz-de-marée numérique, la vente physique de disques devient quasi marginale, alors comment joindre les deux bouts ?
Prenons un exemple : selon le Syndicat National de l'Édition Phonographique (SNEP), en 2022, 80 % des revenus de la musique en France proviennent du streaming. Or, avec des montants ridiculement bas payés par les plateformes pour chaque écoute (à peine quelques centimes par stream), les labels régionaux doivent redoubler d’efforts pour compenser.
Autre problème : la concurrence de plus en plus féroce. Avec environ 100 000 nouvelles chansons publiées chaque jour dans le monde, certains projets passent totalement inaperçus, même pour les plus motivés.
C’est là que toi, lecteur, tu interviens. La meilleure manière de soutenir ces labels ? Consommer local ! Fréquente les concerts organisés dans ta région, achète des albums ou du merchandising directement auprès des groupes ou labels, et, pourquoi pas, découvre leurs artistes sur Bandcamp, souvent bien plus éthique que les mastodontes du streaming.
Et si tu veux aller encore plus loin, sache que certains labels ont aussi des systèmes participatifs. Quelques euros investis, et te voilà coproducteur du prochain album d’un groupe qui te fera vibrer. Plutôt cool, non ?
Malgré les défis, les labels régionaux restent fondamentaux pour la vitalité culturelle et musicale de nos territoires. Leur travail n’est pas juste technique, il est humain, sincère et enraciné dans une véritable passion pour la musique. Et toi, que rêverais-tu de découvrir grâce à eux ? L’artiste qui deviendra ton nouveau coup de cœur ou peut-être même... l'ambassadeur culturel de notre fantastique région ? Une chose est sûre, sans eux, nos playlists auraient bien moins de saveur.